A chaque fois que j’ouvre ma boîte aux lettres, j’ai comme un léger infarctus, comme un mini coup de jus, reliquat d’une époque pas bénie et pourtant relativement antédiluvienne où ladite boîte renfermait moult missives admiratives d’huissiers et autres avis de recommandé qui liquéfient les genoux.
Mercredi dernier, pourtant, je ne pensais à rien, j’étais avec ma cop Nadia, gagatisant sur un certain Milo dont j’ai exigé d’être la marraine (voir ci-dessous – tu reconnaîtras que j’ai bon goût), et qu’est-ce que vois-je, en jetant un œil distrait à la cueillette de factures fraîches du jour ?
La préfecture de police de Paris a un truc à me dire.
Vache de chiotte, encore un feu rouge, m’enthousiasme-je.
J’ouvre et je lis tout haut.
– « Nous avons le plaisir de vous informer – les putrides, tu t’imagines : « le plaisir » ! – de vous informer que nos services sont en possession d’un objet semblant vous appartenir… gnin gnin gnin… passeport. » Ça alors, ils ont retrouvé mon passeport, je l’ai perdu il y a six mois. « Gnin gnin gnin… contre la somme de 11 euros… gnin gnin gnin… faute de quoi… gnin gnin gnin… détruit sous quatre-vingt-dix jours… » Bon, ben ils peuvent le garder, mon vieux passeport, j’en ai fait refaire un tout neuf pour partir en Laponie.
Après le café et avant de confettiser le mot doux de la maréchaussée, je vérifie, par acquit de conscience, que mon tout-neuf est à sa place. Nan.
« Ousque t’as foutu mon passeport ? », sms-je mon Jicé.
« Ça va la tête ? »
Sms idem à l’Héritier – réponse pire :
« C’est toi qui as le mien. »
Ah.
En effet, il me souvient vaguement avoir récemment conseillé à la chair de ma chair, d’une distraction toute Pierre-Richardique, de confier le précieux sauf-conduit à la garde de Môman.
Euh.
« Tu veux bien regarder dans ta boîte aux lettres pas virtuelle si tu aurais reçu une missive de la peau lisse ? », sms-je derechef.
36, rue des Morillons
Bref, vendredi, pour la deuxième fois de ma vie, je passe le porche du 36, rue des Morillons, préfecture de police de Paris, rayon objets trouvés. A part le rougeaud à favoris pelliculés qui fait le tri à l’entrée, fort marri que je sois en possession de chacun des justificatifs qu’il peut songer à me demander, le pandore des Morillons est plutôt du genre humain. Tu poireautes sur un banc de bois, un peu comme à l’école en 1900, avec les autres Pierre Richard de la capitale, qu’on appelle ton numéro de distrait. Le spectacle compense le gâchis de ton après-midi : une chiatique a égaré ses RayBan, un obèse à barbe vient récupérer des bottes en caoutchouc vert, un regard vide se balance dans un coin, il s’est perdu lui-même.
Soudain apparaît au guichet une femme dont je ne vois que le dos, ou plutôt le sac qu’il y a dessus, genre cuir de Cordoue à motifs repoussés et à part ça sobre à l’extrême, rectangulaire, ne ressemblant à rien que je connaisse dans le genre maroquinier. Enfin un sac à dos qui n’a pas l’air d’un barda de boy-scout ! Ze fantasme de la princesse rose, dont l’élégance et la scoliose souffrent cruellement de son incapacité à se déplacer sans ses 7 kg d’indispensable fourniment.
Emerveillement.
Bave de désir.
Il faut que je sache où elle a pêché ce fantasme en cuir noir – parie que ça vient du bout du monde, que c’est foutu for me… J’allonge l’esgourde.
Elle s’est fait dépouiller dans le métro… Argh. Difficile de caser une requête modasse.
Tant pis, au moment où elle part, je fonce, déclare ma flamme à son paquetage. Elle sourit, ravie, touchée presque : elle l’a acheté à un artisan, à Marseille, « et même, tenez, voilà sa carte ». Nan ?
Ni une ni deux, qu’est-ce que fais-je en rentrant à la maison, allégée de 11 euros mais nantie des deux passeports retrouvés à Roissy (remerciements émus à l’Héritier pour s’être contenté de remarquer que « Maintenant on sait à quel côté des gènes » il doit sa tête en l’air – la princesse rose a quand même perdu trois passeports en six mois), je trouve le site du gars sur Internet, n’y vois pas le sac de mes rêves, déniche un e-mail, m’empresse de clavioter l’histoire ci-dessus – résumée – fais affaire avec le monsieur (euh, finalement, je sais pas trop si c’est un monsieur ou une dame, ou les deux, un couple, un transsexuel… vu qu’il/elle/ils signe/nt « Patricia-Sylvain Piot ».
Et voilà. Mon sac vient d’arriver en Colissimo. Il était temps, je pouvais plus m’en passer. Il est pas trop beau, sans déc’ ?
La morale de cette histoire, habitante et tant du siècle numéro 21, c’est que le bonheur, il commence parfois par une lettre de la maison poulaga. CQFD.
© Muriel Gilbert, femme de lettres et de profondeur, cuir pleine fleur, made in France
Simple et classe ! 🙂
@Maviedemère : Le filleul ? Ou le sac ?
Alors: 1) je pensais que ton « équipe » des Croods était à toi mais j’ai réalisé en surfant sur tes roses vagues que tu étais à la tête d’un ado (Pierre Richardesque, donc). 2) Je savais même pas que la maison Royco prenait la peine de prévenir les gens quand ils retrouvaient leur possessions. J’apprends des trucs, ici! 3) Milo est fondant. 4) ton sac est beau. Peut-être y manque-t-il quelques fanfreluches à la futile personne que je suis. Mais de toutes façons je ne suis pas assez bag-addict pour me commander un sac. Je vais bêtement dans une boutique quand il m’en faut un, et j’essaie de ne pas dépasser les 30 €uros. C’est dire si je suis aux fraises en la matière.
@Nanou : Alors – 1 – En effet, la situasse est un rien complexe, ici, car tu n’es pas encore au bout de tes surprises. Tan taaaaaaaan ! Visite guidée, espéciallement for Nanou. Max et Paul sont des amours mais (malheureusement) c’est pas moi qui les ai faits. Je les emprunte dès que possible. La première fois que j’ai causé d’eux, c’est là : http://www.murielgilbert.com/chroniques/cirque-pinder-adriana-karembeu-et-moi/ Pourtant, je les connais depuis que leur mère était même pas née (véridique).
2 – Je suis à la tête d’un Pierre-Richardesque… ex-ado. Il est présenté là : http://www.murielgilbert.com/freelance-web-robin-llopis/.
3 – Pourquoi que je cause de mon ado alors qu’il est ex ? C’est tout esspliqué là même si c’est pas tout à fait à jour : http://www.murielgilbert.com/blogueuse-correctrice-et-traductrice/.
4 – La maison Royco-Poulaga elle est gentille des fois, hein ? Moi, un jour, elle m’avait même prévenue que l’Héritier avait des poux (c’est là : http://www.murielgilbert.com/chroniques/les-poux-cest-chic/)
5 – Quant à mon sac, vu l’arc-en-ciel de ma garde-robe, si je me retiens pas rayon maroquinerie, c’est la gay-pride à moi toute seule.
6 – Quand tu auras digéré tout ça, prends un Alka Seltzer :D.
7 – Bisou.
Hou la la, il y a de quoi ranger plein de choses dans ce sac …
Milo est superbe !
Le sac est superbe !
3 passeports en 6 mois … pas mal !
Et la volaille, c’est sympa parfois 😉
Je prends le chien et le gosse (c’est la crise de la quarantedeuxaine, j’ai des envies de bébé baveux et merdeux, je sais pas ce qui m’arrive).(par contre je pense pas que la crise de la quarantedeuxaine donne des envies de chien) (déjà on a un chat c’est la lose). Le sac, il est trop carré pour moi. Sinon, je note avec bonheur que tu pratiques le « pense-je, sms-je etc » que je trouve absolument divin. Sans parler du « derechef » qui me laisse pensive.
Pensive, MAIS admirative, ça va sans dire.
@Nanou chérie, tu n’es pas aux fraises, tu es MA fraise. @Muriel, c’est bon , je me casse, hein.
Ooooooooooh ! Je ne vois pas le lien vers le site : où est-il ? Je voudrais y jeter un oeil parce que moi aussi j’ai du mal à concilier ma classe naturelle et le besoin d’un sac à dos qui puisse contenir au minimum un bouquin grand format…
@ Alain : Mais ouiiiii, en plus !
@ Béatrice : J’aime quand tu donnes ton avis (positif) tout comme ça 🙂
@ Odile : Ah mais nan, reste au contraire. D’ailleurs moi aussi, j’adore les fraises, réponds-je.
@ Anna : Je m’étais dit je le mets pas, le lien, ça fait pub… Mais bon, comme tu demandes, je le mets. T’as vu ce SAV ? Rien que pour toi. J’ai aussi découvert une page Facebook (avec 14 « like » !) que je me suis empressée de « liker ». Le site, en revanche, comme je dis dans le billet, ne présente pas mon sac. Sur la page Fb, je trouve qu’il y a davantage d’exemples intéressants, peut-être qu’elle est plus souvent mise à jour.
J’ai tout lu et tout bien rigolé…
Mais je suis en pâmoison devant mini Milo pas de doute !
J’aurais pas crû qu’on aurait pu coupdefoudriser aux objets trouvés.
Trop mimi le baby chéri.
Onze heuros ou onz’euros ? 🙂
Milo et le sac sont en tout cas à craquer… oui, on est toutes très jalouses, et de l’un et de l’autre !
Catherine –qui se remettra quand même, j’ai aussi deux chouettes filleuls (et des sacs pas mal).
LOL. t’es forte quand même !
(ET le petit Milo…., non, je n’ai rien vu)
@ Poulette : Je te comprends, je l’ai revu cet aprèm. Je confirme. Il est pâmant.
@ Vivi : Comme quoi tout est possible. CQFD.
@ Catherine : Onzeuro ! Bonne remise 😉
@ Sabine : Ne regarde pas, tu risquerais de vouloir le voler. Ché pas s’il te reste de la place…
C’est moi. LA fraise d’Odile. Merci pour les explicasses, j’m’en vais lire tout ça ben vite. d’ailleurs j’ai déjà fait la connaissance de Robin. Ben vrai qu’c’est un grand et beau gars! Je continue.
j’ai pas toujours le temps de lire tes chroniques….mea culpa….un peu plus de minutes disponibles et me voila!!!
je connais les lieux que tu décris et cette ambiance… oubli d’un livre de notre belle médiathèque d’Ivry dans un bus…je ne savais pas que leurs services étaient payants, 10 € à l’époque; ce n’était pas un maigre fascicule en édition de poche heureusement…
bisous à toi , je vois que zazi, ou zazie….est toujours aussi belle!
val de ton ex 22.
Merci pour le lien ! Mais comment s’ouvre ton sac ? On ne voit pas du tout l’ouverture quand il est sur ton dos.
@ Anna : je le prends en photo et je te l’envoie. Il s’ouvre du côté qui est caché contre le dos. Signé : le sav des chroniques en presque rose.
@Nanou : Bon, dommage que t’es prise, ai-je cru comprendre, lui pour l’instant il est libre, mais un grand et beau gars comme ça, c’est à saisir, ça va pas durer 😉
@Val : Ca me fait plaisir de te voir ici, c’est gentil de laisser un petit mot. Ou, Zaz est toujours jolie, en revanche elle vieillit, elle est quasi sourde et elle voit plus très clair – mais ça se voit pas 😉
Pétard de punaise! Je veux dire putain de bordel, mais t’es une vraie star: de la radio, de la presse écrite et tout. Ben c’est simple, tu fais tout ce que je voulais/voudrais faire. -« Nanou, qu’est-ce que tu veux être plus tard? » -« Muriel Gilbert! »
J’ai ri à l’histoire de la signature des gens (on n’a qu’à les appeler les gens) du sac. Et sinon il est choucou Milo !
@Nanou : et non pas DANIELLE Gilbert. Restons sérieux deux minutes.
Oh mon Odile, tu es drôle et je t'<3
@Nanou : Mais c’est quasi de l’histoire ancienne, tout ça. L’émission de radio à laquelle je participais s’est arrêtée il y a un an, je m’en remets à peine. Quant à Top Famille, le canard a coulé il y a 7 ans. Now, I blogue 🙂 Bon, je fais quand même encore l’actrice débile à l’occasion, faut pas déconner.
@Danceonair : C’est ça, appelons les « les gens ». Ah mais oui, mais si c’est une seule personne ?!
@Odile : Figure-toi qu’une bonne partie de mon enfance, j’ai eu pour mère Danielle Gilbert. Et puis elle a changé de nom. Elle a gardé le prénom en revanche.
@Nanou & Odile : Faites comme chez vous, ya un canapé-lit au second 😀
J’admire, les filles, votre aptitude à rester toujours girly. Je ne suis pas capab’ ! Je me demande si je ne suis pas un homme quelque part… Pourtant j’ai des seins (modestes certes) et une basse de loisir ultra féminine (quoique moyennement défrichée à l’heure qu’il est).
Il m’est arrivé d’avoir des envies de sac en poireautant dans la salle d’attente des Assedic du spectacle, dans le 9ème (moyenne : 4 heures). Une intermittente était penchée sur le guichet et expliquait longuement son cas au préposé.
Ce jean tendu sur ce cul hénaurme… je me suis dit, punaise, avec ce volume, tu fais un sac et tu fais ton marché à Brive la Gaillarde sans problème.
Du coup, de retour chez moi, j’ai chopé tous les jeans HS de la famille (nombreuse, je suis une pondeuse) et j’ai transformé en BumBags, ou Sacculs en français.
J’en ai pas vendu des masses, c’est long à fabriquer, mais je m’en sers encore.
Autrement, j’ai des sacs à main. Le dernier doit dater de 6 ans.
Je ne suis pas girly ! ;O(
@Chou : Aaaah le girlysme. Perso, j’en suis pas fière… même un rien honteuse. C’est pour ça que j’écris dessus, les trucs dont on est fier sont moins rigolos. Donc, disais-je, je ne suis pas fière de mon girlysme, mais c’est un des grands plaisirs (honteux, mais c’est les meilleurs) de ma vie…
Il est simplement beau, ce petit Milo. Qu’est-ce-qu’il a l’air heureux.
Euh… le sac à dos, j’aime aussi.
@ Glandouille : Bienvenue en ces presque roses lieux ! Je crois que Milo a produit davantage de coups de foudre ici que mon nouveau sac à dos. Mais il coûte plus cher. Et puis des fois il chouine, ce que mon sac ne fait jamais.
Question subsidiaire :
Es-tu obligée d’embrasser un arbre chaque fois que tu portes ton sacado aimé ?
@Chou : J’essaie de me maîtriser parce que les voisins commencent à me regarder bizarrement. Je suis sûre que je vais y arriver.
Essaye de mettre ta plante verte sur un skateboard. Tu vas voir, ça aide les voisins à se faire une opinion :)))
Chère Mu, j’ai répondu moult fois à ton com chez moi. Je te dis au cas où…
@ Nanou : J’y cours, j’y vole !
@ S : Oh là là, mais je sais pas comment faire, t’as vu, ma plante verte, elle est… ben… plantée dans le sol, quoi.
vive le cuir !!!
Je ne suis pas folle du sac, mais le bébé… Il est incroyablement adorable, je n’en ai jamais vu un aussi mignon, même les miens, pourtant évidemment magnifiques… II a un sourire à rendre folle de jalousie Julia Roberts herself!!
Certes, ton sac est beau, mais ça n’empêche pas de voir l’info principale de ce billet : 3 PASSEPORTS PERDUS EN 6 MOIS !! (si ça se trouve, le livre des records va t’écrire)
@Les Cafards : Ché pas, quand vous le dites, vous, ça fait SM…
@Fabienne : C’est vrai. Et qu’est-ce que ce sera quand il aura des dents !
@Anacoluthe : Ah tiens, peut-être. Tu crois qu’ils paient, au Guinness ? Parce que trois passeports perdus, ça fait des sous en timbres fiscaux…