Habitant du siècle numéro vingt et un, il faut que tu saches, à ce stade de notre relation : Constance, c’est mon deuxième prénom. Ou ça devrait l’être. Disons que c’est ma seconde nature.
A part ça, t’as remarqué que crise ou pas, ya toujours des petits malins qui arrivent à te vendre des trucs dont t’as pas besoin†? Non ? Tiens, va visiter une de ces boutiques qui dealent des dosettes de café au prix de la coke.
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La première fois que j’y suis entrée, je pouvais pas croire que c’était ouvert au public. A l’orée du parc Monceau, sur le mur d’un hôtel particulier, juste une plaque de cuivre au nom de la marque. T’oses à peine pousser la porte tout verre et fer forgé, tu pénètres là-dedans comme un comploteur, un initié, un habitué de club échangiste. Tu gravis quelques marches, et tu débouches dans une bijouterie de la place Vendôme : dans des vitrines overluxe, exposées comme les joyaux de la Couronne… des capsules de café.
Devant toi, une file d’initiés. Ils t’examinent de la tête aux pieds – faut dire, çales occupe, vu qu’ils font la queue depuis vingt minutes. Pour acheter du café. Si, si.
Tu te mets derrière eux, le long du cordon de velours rouge retenu par des plots dorés. Ya plusieurs comptoirs, chacun avec une espèce de groom en uniforme de l’hôtel Meurice. Quand enfin un comptoir se libère, tu t’avances, royale.
– Vous êtes membre du club ?, demande le Spirou.
– What ?
– Du club Notcafé. Votre numéro de membre ?
– Chuis membre de rien, moi. C’est pour ma copine Nelly, le café.
Club échangiste
Je vois le coup qu’après vingt minutes de poireautage règlementaire, le groom du robusta va pas me laisser acheter ses dosettes arc-en-ciel. Et pis si. Ouf. Il me propose de me vendre les mÍmes que ma potesse a achetées la dernière fois (ils savent tout de sa conso de café, elle est toute fichée). Et je repars avec mon sac au logo Notcafé, non sans pester contre ces chiens jaunes du marketing qui transforment les buveurs de café en snobs abrutis arnaqués (parce que 35 à 40 centimes d’euro la tasse, c’est du piratage en haute mer ou je m’y connais pas).
Et puis, finalement… elles sont pas mauvaises, ses capsules, faut avouer. Marrantes aussi. Tu choisis ta couleur, tout ça, tu te croirais à la maternelle. Et tu sais, t’es plus obligé d’aller au club échangiste, tu peux les commander sur Internet…
Bon. Tu m’as comprise. Les années passant, l’usure… J’étais en train d’entamer un subtil retournement de veste avec quelque inconfort quand même quand paf, la semaine dernière, ma Nelly a eu pitié et m’a fait LE cadeau à la puissance 2. Devine ?
Ouiiii, le percolateur Notcafé ! Et c’est bien un cadeau au carré, nan, le perco + fait de ne pas avoir à assumer son propre retournement vestimentaire ? Voilà, je suis victime : on me l’a offerte, cette machine, je vais pas la jeter, non ?
Depuis, je joue à la marchande, même quand je suis toute seule. Et qu’est-ce qui me ferait plaisir, comme petit café, ce midi ? Euh, j’hésite… ce joli vert, là, pleutre. Et quand on reçoit des copains c’est encore mieux : un bleu, un rouge vif, un violet?
Bon, en tout cas, habitant du siècle numéro vingt et un, je jure que jamais j’achèterai mon café dans ces boutiques dont la prétention te colle aux semelles comme un vieux chewing-gum mâchouillé. Et, tu me connais : quand je dis quelque chose…
Un petit café, peut-être ?
Chronique T’as remarqué, en direct sur France Inter chaque lundi ‡ 5 h 50, dans la joyeuse émission de Brigitte Patient, Un jour tout neuf.
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© Muriel (Constance) Gilbert
Je t’imagine bien, tu racontes tellement bien que l’on a l’impression d’y Ítre avec toi, merci encore pour ce bon moment.
Je n’ai pas ce problËme je bois du thÈ moi Madame Gilbert.
(par contre le revendeur agrÈe Muski dans ma ville de provincie est vraiment trËs dÈsagrÈable, du coup je campe au palais des thÈs. Et toc!)
L’autre jour, j’Ètais avenue de l’OpÈra et un type devant moi portait deux sacs de la marque pleins ‡ craquer de capsules. Je me suis dit quand mÍme que le cafÈ avait fait un sacrÈ bond dans la hiÈrarchie ! Il est o˘ le sachet Franprix contenant un paquet de carte noir moulu ?
Je fais toujours ma rebelle quand, chez des amis ÈquipÈs de la dite machine, on me demande « tu veux un rouge, un vert ou un dorÈ? » Je rÈpond invariablement: « Je veux un cafÈ ! «
Tiens, moi aussi j’ai retournÈ ma veste quand on m’a offert la machine. Mais j’aime bien aller dans les boutiques, ils t’offrent toujours un truc (un chocolat ou un cafÈ). Sauf sur les Champs, je crois (l‡, ils le vendent le cafÈ, 4 Euros!!!!).
@ Marie-Do : C’est gentil de m’accompagner ‡ la boutique prÈtentiarde, je m’ennuie moins dans la file d’attente.
@ Pivoine : T’as raison. Boycottons les dÈsagrÈables.
@ Cathy : Ah oui ? Toi aussi, tu es une rebelle ? Sans retournement de veste en perspective, alors ?
@ TheNewMe : Faut absolument que tu visites celle qui est prËs du parc Monceau, alors, on dirait vraiment l’entrÈe d’un club Èchangiste de la place VendÙme.
Je serais une rebelle tant qu’on ne m’aura pas offert la machine. Bien que je trouve le cafÈ trËs cher 😉
GÈniale chronique, comme d’hab’. Et les gants blancs? Il paraÓt que les vendeurs portent des gants blancs… merci de dÈnoncer si drÙlement ces ridicules minuscules!
Tiens, j’imagine bien (comme dans la pub) des acheteuses branchÈes trouver une faÁon dÈguisÈe (on est entre initiÈs ou pas) de nommer le lieu dont tu parles pour faire style : « je vais chez Georges! »
What else…
Je n’ai pas encore succombÈ ‡ la tentation, quoique je soupÁonne les marketeux de nous lobotomiser, nous les m‚les, avec des images subliminales du genre association avec le Georges en question si tu te cafeinise ‡ la capsule. Bon, ok il emballe grave mais moi j’allais chercher mon kil’ de petit noir exprËs dans Paris dans une br˚lerie artisanale qui sentait bon l’autenticitÈ. Et pour le mÍme prix, j’avais des maragogypes du Guatemala! HÈlas, c’est devenu un bar ‡ nouilles… What else!
Je trouve quand mÍme que tu t’y connais drÙlement en club Èchangiste. Un aveu ‡ faire?
@ Cathy : Une fille de ma race, quoi.
@ Fabienne : Je me souvenais pas des gants blancs, mais c’est bien possible, puisque Áa va avec l’uniforme groomesque.
@ Seb : Un bar ‡ nouilles… Je me demande si les boutiques Nespresso ne pourraient pas Ítre subliminalement appelÈes des bars ‡ nouilles.
@ Pivoine : Qui sait ? Ca fera peut-Ítre l’objet d’une prochaine chronique 😀
Ahhh, ben si quelqu’un me l’offrait, la machine … rien que pour jouer ‡ la marchande !!!
Je bois du « Georges » depuis plusieurs annÈes (pas de cafÈ au dej donc je bois peu de caf mais du bon caf !)
A la garderie des loulous y rÈcupËre les casuples (dixit mon Rikiki) pour ne faire des chapeaux de bonhommes et ouais !
@ BÈatrice : Faut absolument que tu te dÈgotes une Nelly. YakÁa d’vrai.
@ Poulette : Ah ben j’ai quelques chapeaux pour toi, alors !
Tu sais que MissCouette aurait d˚ s’appeler Constance? On a changÈ d’avis 2 semaines avant sa naissance… Elle l’a en 3∞ prÈnom du coup!
Perso, je serai jamais snob, je dÈteste le cafÈ, j’en bois jamais. Et mon mec a une espËce de machine ‡ cafÈ bobo-bio-Ècolo sans branchette o˘ il faut avoir des gros muscles pour l’utiliser… C’est un peu snob aussi tu vas me dire! :p
Il ne manquerait plus qu’il nous propose une machine ‡ thÈ (associÈ au mÍme systËme de dosettes)… Palsambleu, mais ils l’ont fait ! Quoiqu’il me semble que cela n’apas fonctionnÈ…
@ LMO : M. Snob et Mme Pas Snobe, vous avez fait preuve d’une belle inconstance en matiËre de choix de prÈnom 😉
@ Sandrine : Les buveurs de thÈ seraient-ils moins snobs abrutis arnarquables que les buveurs de cafÈ ? Ca mÈrite une Ètude…
L‡, je ne peux m’empÍcher d’applaudir la marque qui a su faire passer un prix exorbitant en transformant son cafÈ en un produit de luxe en l’entourant d’un apparat ÈtudiÈ que tu dÈcris trËs bien !
@ Begonia : C’est les marketeux qui sont forts. Je vais les embaucher pour faire de mon blog le dernier lieu hype et cher du ouaibe.
c’est dÈcidÈ, je prends les premiËres lignes ce billet comme une spÈciale dÈdicace, vu que moi, ce n’est pas mon deuxiËme mais mon premier ! (vraiment, c’est trop gentil de ta part, je suis confuse, bien le merci) (sinon, je t’ai dit que mon 2Ëme prÈnom c’est mytho ?)
@ Mythocoluthe : Et sinon, tu l’as, le perco zyeux d’la tÍte ?
Bonjour,
Vade Retro « perco zyeux d’la tÍte » …
MÍme si ‡ c’t’heure j’ai encore le ventre vide…Je ne ne suis toujours pas prÍte ‡ cÈder ‡ ce 21 Ëme siËcle l‡…Mais ‡ la lecture de ton post, une angoisse m’Ètreint….Et si on me l’offrait ‡ NoÎl??? Vraiment Áa serait pas de bol! Parce que j’ai pas de club Èchangiste de par chez moi (enfin ‡ ma connaissance) et en plus je ne bois pas de cafÈ…. Du coup je me demande si je vais mettre mes souliers sous le sapin….